IMO et EMDR : quelles différences ?
Eclairage sur ces pratiques par mouvements oculaires
Le travail en IMO permet d'aller chercher en profondeur toutes les informations sensorielles rattachées à l'événement qui sont inscrites dans la mémoire traumatique, l'objectif étant, bien sûr, de permettre la "métabolisation" du traumatisme afin qu'il passe dans la mémoire à long terme au lieu d'être bloqué dans la mémoire à court terme.
Quelles ressemblances entre IMO et EMDR ?
Dans les 2 pratiques, l'objectif est de traiter les états de stress post-traumatiques et les souvenirs récurrents et négatifs. Toutes deux font appel à des mouvements oculaires
Quelles sont les différentes origines des 2 pratiques ?
Le traitement par IMO se fonde sur les principes de la programmation neurolinguistique (PNL). A l'origine, Connirae et Steve Andreas ont créé cette approche, développée ensuite et transmise par Danie Beaulieu.
Selon cette approche, la direction du regard indique le type d’information auquel le cerveau est en train d’accéder. Par exemple, une personne qui regarde en haut a souvent accès à un souvenir visuel ; celle qui regarde à droite ou à gauche, à un contenu auditif ; celle qui regarde en bas, à des ressentis.
Si on amène un patient, lorsqu’il est en contact avec un souvenir traumatique, à regarder dans différentes directions, pourra-t-on forcer le cerveau à accéder à de nouvelles informations sensorielles auxquelles le patient ne peut accéder consciemment ? La réponse est oui, assurément.
L’origine de l’EMDR s’avère, quant à elle, tout à fait différente. Cette technique a été créée en 1987 par la psychologue californienne Francine Shapiro.
Celle-ci a découvert l’EMDR alors qu’elle se promenait dans un parc en ruminant des idées noires. Elle s’est rendu compte que lorsque ses yeux se déplaçaient rapidement de gauche à droite, la charge émotionnelle de ses pensées diminuait. Elle a par la suite appliqué sa découverte dans ses interventions psychothérapeutiques.

Quels types de segments sont utilisés en IMO vs en EMDR ?
En IMO/EMI, les segments - c'est-à-dire la direction des mouvements oculaires - se font dans différentes directions, à la vitesse demandée par le patient. Le thérapeute doit en fait exécuter une vingtaine de segments différents, qui lui permettent de couvrir l’ensemble du champ visuel du patient.
Ainsi que nous l’avons mentionné, le fait que les segments utilisés en IMO/EMI soient effectués dans toutes les directions permet à l’intervenant de travailler dans tout le champ visuel du patient. Ce faisant, le thérapeute peut aisément déterminer quelles sont, dans le champ visuel du patient, les zones les plus " chargées " et les zones plus légères.
Par exemple, si le patient consulte suite à un accident d’automobile dont l’impact serait survenu du côté gauche, il est probable que les mouvements oculaires réalisés dans cette direction soulèvent de fortes réactions, alors que du côté droit, la réponse sera peut-être moins chargée émotiionnellement. Ainsi, le traitement peut être dosé de manière à intégrer l’ensemble des informations, mais à un rythme qui sera plus facile à tolérer pour le patient. Celui-ci aura par ailleurs un plus grand sentiment de contrôle sur le traitement. Cela facilitera d’autant sa collaboration.
En EMDR, les segments se font dans une seule direction, le plus rapidement possible, et ce, jusqu’à ce que le patient n’ait plus de réaction spécifique. Ce n’est qu’à cette condition que le thérapeute peut faire un segment dans une autre direction.
Les pratiques de ces 2 techniques sont-elles différentes ?
Le praticien de l’IMO/EMI doit constamment veiller à effectuer les segments à la vitesse et à la distance demandées par le patient, afin de lui éviter de ressentir un inconfort. Pendant les segments, le thérapeute doit également répéter certains mots ou offrir une mise en scène – en ayant recours à des éléments de la thérapie d’Impact ou de la gestalt, par exemple – afin de maintenir le patient en contact avec son circuit psychogène.
Une autre différence entre les deux techniques réside dans le fait que le patient a davantage de contrôle en IMO/EMI.
Si une zone s’avère particulièrement chargée et douloureuse, il peut décider de ne pas trop la "fréquenter". Afin de doser l’intensité du traitement et de rendre l’expérience plus facile, le thérapeute propose alors un segment dans une zone moins chargée, ou alors un segment reliant la zone difficile avec une zone plus légère. À la fin du traitement, le patient est invité à créer son propre segment pour clore le traitement et surtout pour intégrer l’ensemble de son expérience de façon écologique. Enfin, le fait que le patient ait plus de contrôle en cours de traitement favorise la création d’une "transe" bénéfique entre le patient et le thérapeute, de même que l’établissement d’une solide relation de complicité et de confiance.
Sylvie Bellaud est psychothérapeute et praticienne en IMO. Elle anime la formation IMO au sein d'Emergences.