La fin de vie de Milton Erickson : le saviez-vous ?
Extrait de vie du fondateur de l'hypnose ericksonienne

Milton Erickson est mort à 78 ans, en mars 1980, quelques mois avant le congrès de décembre qui devait lui être consacré à Phoenix. Jusqu’au bout, il enseignait l'hypnose et son approche thérapeutique, encore, cinq heures par jour, avec plus d’un an d’attente pour avoir la chance d’être son étudiant.
Après un vendredi typique de cours et de signatures de livres dédicacés, il passa un samedi fatigué. Le dimanche matin, il eut un arrêt cardio-respiratoire, duquel il fut réanimé par l’une de ses filles. Cet instant a laissé au reste de la famille le temps de venir lui dire au revoir. L’infection streptococcique évolua ensuite vers un choc septique, résistant aux antibiotiques.
Erickson avait quatre fils et quatre filles, ainsi que des petits-enfants et arrière-petits-enfants. D’après leurs témoignages, il est mort comme il l’avait toujours souhaité : avec un sourire sur le visage, entouré d’amis et de sa famille. Son corps fut incinéré et ses cendres furent répandues à Squaw Peak, cette colline vers laquelle il envoyait si souvent ses patients pour « prendre du recul » et changer de point de vue.
À une époque où les écoles de psychothérapie se livraient volontiers à des débats conflictuels, on apprit que Salvador Minuchin était venu le rencontrer une semaine plus tôt. Ils avaient échangé des lettres ; Erickson n’avait jamais lu la dernière. Minuchin autorisa qu’on en cite un passage lors de la cérémonie funéraire :
« Pouvoir vous rencontrer était pour moi une expérience mémorable. De toute ma vie, je n’ai rencontré que quelques personnes vraiment extraordinaires et vous êtes une d’entre elles. J’ai été impressionné par la manière dont vous êtes capable de regarder des moments simples tout en décrivant toute leur complexité, et par votre confiance dans la capacité des êtres humains à profiter d’un répertoire d’expériences qu’ils ne savent même pas qu’ils ont entre eux. »

Pourtant, beaucoup de personnes — y compris parmi les psychothérapeutes — n’avaient jamais entendu parler de lui. Et aujourd’hui encore, on le confond parfois avec l’autre : Erik Erikson.
Cette histoire, comme beaucoup d’autres anecdotes cliniques, est relatée dans le livre de Sidney Rosen, *Ma voix t’accompagnera…* — une porte d’entrée simple et puissante dans l’esprit du clinicien.
Dr Stéphane Radoykov
Médecin psychiatre
Directeur pédagogique d'Emergences